En tant que membres de notre communauté, vous êtes sans doute familiers aux résultats de nos programmes d’agriculture urbaine, que ce soit par l’intermédiaire de nos paniers fermiers, de nos marchés hebdomadaires ou de nos repas quotidiens. Cette semaine, Carlo, notre cogérant de l’agriculture urbaine et responsable du jardin de McGill, vous amène dans les coulisses de la récolte de nos jardins urbains avec quelques réflexions personnelles.
“L’automne est souvent synonyme de récolte et de cornes d’abondance débordant de courges et de légumes de saison. Avec l’Action de grâce qui vient tout juste de se terminer et notre fameux Gala des récoltes, cette association semble souvent tout naturelle. En vérité, dans notre région, la récolte s’étire depuis le mois de mai dernier. Mais bon, je comprends très bien la différence entre la joie de cueillir un une toute première asperge, et les autres bonheurs qu’apporte la saison actuelle. Ces premières récoltes sont pleines s’espoir et de renouveau; les récoltes actuelles sont pleines de réconfort et de changement. Il y a un sentiment du devoir accompli qui vient bonifier le plaisir de la récolte actuelle, et qui permet un changement de rythme vers un mode plus introspectif. C’est dans cette perspective que je souhaitais partager avec vous les petits bonheurs de la récolte, tels qu’ils se sont présentés cette année.
Lorsque la récolte n’est pas prête au moment où des bénévoles nous donnent un coup de main au jardin, je suis toujours plus déçus qu’eux. Je trouve qu’il s’agit d’un geste si important, et qu’il est dommage que tous ne puissent pas nécessairement le poser. Après tout, c’est la raison pour laquelle nous jardinons, pour littéralement cueillir le fruit de nos efforts. Et quand nous avons la chance de récolter les produits de la terre, nous nous rappelons que chaque fruit a ses propres besoins.
De la même manière que chaque plante possède ses propres caractéristiques de germination et de croissance, chacune a également sa propre façon d’être récoltée. J’adore en apprendre plus à ce sujet, comme par exemple, que la laitue devrait être cueillie au petit matin, avant que sa sève amère ne monte dans les feuilles, ou que les haricots ne doivent pas être mouillés après leur récolte, sinon ils s’oxyderont. Les récoltes sont fascinantes par leur nature à la fois très exigeantes et méditatives; alors que les mains et les yeux sont constamment à la recherché d’une prochaine cible, le cerveau demeure relativement inoccupé. Ces moments permettent la réflexion ou l’échange avec les autres; grands nombres betteraves ont été témoins d’amitiés naissantes, ou des commérages inoffensifs des jardiniers et fermiers alors qu’ils se déplacent à travers les rangées, ne laissant derrière eux que le sol remué.
Après une récolte urbaine, nous en emballons les fruits pour les conduire, en vélo, jusqu’au Roulant. Lorsque ma remorque est lourde et pleine, apprécie toujours le momentum que son poids m’apporte. Je suis en fait une sorte de conducteur locavore de semi-remorques écolos! J’ai l’envie irrésistible de coller à l’arrière de la boîte de la remorque un autocollant « Bébé à bord », et de remplacer le « Bébé » par « Légumes » pour que tout le monde soit au courant de la précieuse charge que je traîne à travers la ville.
Je pense que j’aurai l’occasion de pédaler une autre de ces balades mémorables cette année. Les jardins du centre-ville ont tous été fermés; à l’exception de quelques légumes racines et de plants de kale, la récolte est terminée. À la ferme, toutefois, la récolte prendra encore quelques semaines, le temps d compléter les paniers fermiers. Ne reste plus que le sentiment mitigé du devoir accompli et de la nostalgie, de la chaleur d’un été généreux et d’une soirée d’automne à l’aube de la saison froide. »
Tous les produits récoltés au Edible Campus de McGill et sur le toit du Roulant sont partagés entre les repas de notre popote roulante, les paniers fermiers de nos clients membres, nos bénévoles, et Isabelle, à la transformation alimentaire, qui les met en conserve pour les préserver le plus longtemps possible. Restez à l’écoute pour un récit plus factuel de la récolte de nos jardins urbains!