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Introduction aux microagressions

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Vous avez déjà eu le sentiment qu’une blague ou qu’un propos à votre endroit était blessant ou légèrement insultant? Ou encore qu’une conversation vous rabaissait subtilement? Ou peut-être qu’on vous a déjà dit que vous avez blessé une personne avec vos paroles lorsque vos intentions semblaient bonnes et bienveillantes? Si oui, on parle ici du phénomène des microagressions, une sorte d’actions, de commentaires ou de questions, qui peuvent être aggravants parce qu’elles sont souvent liées de près à l’adhésion d’une personne à un groupe marginalisé ou sujet aux stéréotypes. 

Une partie de ce qui rend ces instances d’autant plus blessantes est qu’elles se produisent sans mauvaise intention, subtilement et à répétition. Elles s’inscrivent dans le paysage général d’oppression systémique lié au racisme, sexisme, à l’homophobie, la grossophobie, de capacitisme, d’âgisme et plus encore. Vous en avez peut-être vécu l’expérience, le subissez dans la vie de tous les jours, et même, sans le savoir, êtes l’auteur de microagressions. 

Vous vous dites peut-être : «Le Roulant est un endroit où l’environnement est si accueillant, chaleureux et bienveillant, pourquoi parler de ça ici?» La réponse courte est que l’action de reconnaître et prévenir des microagressions fait partie de notre responsabilité d’encourager un espace plus sûr pour toute la communauté, incluant la clientèle, les bénévoles, l’équipe, les personnes donatrices ou amies. Une autre réponse est que Santropol Roulant est une communauté intergénérationnelle qui accueille des personnes aussi différentes les unes que les autres quant à la variété d’horizons, de générations, de cultures, de modes de vie, etc., et demande un travail collectif constant pour faire en sorte que toute personne se sente comme le cadeau qu’elle est l’organisation. Dans une communauté comme la nôtre, il est possible qu’à certains moments, ce qui aurait pu nous sembler approprié comme commentaires ou questions laisse la personne visée se sentant exclue, voire blessée.

En ayant conscience de l’impact que peuvent avoir nos mots et nos actions sur autrui en contexte communautaire, chaque personne doit contribuer à créer un espace sécuritaire et ouvert pour tout le monde. Invisibles pour plusieurs, les personnes marginalisées doivent constamment gérer leurs émotions lorsqu’elles vivent ces microagressions, de plus, elles sont souvent reçues par des moqueries ou des réactions négatives lorsqu’elles réagissent. Pensez aux nombreuses fois où vous avez été témoin de commentaires ou blagues dirigés vers une autre personne. Vous deviniez surement que la personne ne voulait pas être blessante en faisant ce commentaire, de plus il peut être inconfortable de surveiller les autres, surtout quand on comprend leur point de vie. Dans ces moments-là, il faut réaliser qu’il faut plutôt faire l’effort de soutenir la personne qui subit la microagression, plutôt que la personne qui la commet

Exemples

Afin de mieux comprendre comment les microagressions surviennent dans les conversations de tous les jours, et comment les éviter à tout prix, regardons quelques exemples. Nous avons également ajouté quelques suggestions pour communiquer de manière sécurisante et respectueuse pour autrui. 

Un bénévole dit à un autre : «Hey, as-tu perdu du poids? Tu as l’air tellement en bonne santé!»

Même si ce commentaire était destiné comme un compliment, il faut faire attention lorsque l’on commente le corps des autres. Il peut souvent arriver que notre langage soit lourd de sous-entendus sur ce qu’un corps en santé peut être. L’image corporelle en général peut être un sujet sensible pour de nombreuses personnes, et des commentaires comme ceux-ci sont souvent indésirables, mal perçus et peuvent même avoir un impact réel et désagréable sur les gens.

Solution : au lieu de commenter le corps de l’autre, le bénévole peut dire : «Tu sembles avoir quelque chose de différent depuis la dernière fois que je t’ai vu, que fais-tu ces temps-ci?»

En s’adressant à une personne dans un lieu public, l’interlocuteur dit «Madame, pouvez-vous me dire l’heure?»

Comme il arrive souvent, il y a plusieurs personnes qui ne s’identifient pas au genre féminin ou masculin, et peuvent se sentir inconfortables lorsqu’on les appelle manière genrée. Encore une fois, l’interlocuteur n’avait pas comme intention de blesser, de plus c’est une formulation de base souvent utilisée dans notre culture populaire. En parlant d’une manière non genrée, on peut s’assurer que toutes les personnes se sentent incluses, respectées et vues.

Solution : au lieu de dire «madame», «monsieur», «mesdames» ou «messieurs» (et en évitant tous pronoms genrés sans connaître l’identité du genre d’une personne), l’interlocuteur peut simplement dire : «excusez-moi, auriez-vous l’heure?»

Cette phrase est polie et évite de mégenrer une personne inconnue. Dans le cas d’une personne qu’on connaît mieux, il est toujours préférable de leur demander si elle est à l’aise avec le fait d’être référé de manière genrée.

«D’où viens-tu? Où es-tu née?»

Nous vivons dans une ville qui regroupe des gens de partout, et il est compréhensible de se laisser emporter par la curiosité quant aux origines d’une personne. Cette question en soi n’est pas nécessairement nocive, sauf si la réponse donnée n’est pas acceptée (d’où la question qui suit souvent, «non, mais d’où viens-tu vraiment?»). Le problème est que cette question est disproportionnellement posée à des personnes de couleurs, souvent seulement à cause qu’elles sont des personnes de couleurs. En demandant à une personne quelle est son ethnicité (une autre manière de poser cette question), on souligne subtilement le fait qu’il y a une différence entre vous et elle. Dans ce genre de question, il y a un sous-entendu que la personne ne pourrait pas possiblement venir d’ici. Cela peut résulter en laissant la personne se sentir comme étrangère, alors qu’elle participait à cette conversation pour créer un lien.

Solution : «Viens-tu de Montréal?» Cette question est moins dirigée vers l’ethnicité, mais plutôt orientée vers la localité. Si c’est ce que vous vous demandiez, c’est plus simple et direct!

Note finale

Les microagressions sont difficiles à gérer, car elles exigent beaucoup de réflexion et de considération. Nous espérons que ces informations vous permettent de vous préparer si vous en faites l’expérience dans votre vie, et vous donneront matière à réflexion si c’est la première fois que vous lisez sur le sujet. Les microagressions sont valables, et la douleur s’accumule avec le temps. Ce n’est pas un zèle de sensibilité : vous pouvez ressentir une blessure ou l’exclusion en raison de microagressions. Il est important d’apporter du soin dans nos interactions et de se soutenir mutuellement pour faire face à ces situations, afin que nous puissions continuer à rendre le Roulant aussi sûr que possible. 

Contactez-nous

N’hésitez pas à contacter le Comité pour des espaces plus sûrs pour appronfondir le sujet ou tout simplement pour répondre à vos questions ou inquiétudes.

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